#02 l’instinctive
Vous voulez ma photo ?
C’est au cœur de la société du Second Empire et grâce à l’invention de la photographie en 1839 par Daguerre, que l’image de la femme s’émancipe. À Paris, se dessine une révolution du luxe qui passe par de nouveaux signes distinctifs et facteurs d’identification, tels les parfums ou les vêtements. En 1858, Charles-Frederick Worth invente la haute couture et pour la première fois au monde, signe des robes en leur apposant une étiquette. Les arts de la mode concurrencent désormais les arts décoratifs.
La mode de cette époque fait un usage immodéré des dentelles et réclame des châles immenses et de grandes pièces pour les volants de jupes à crinolines, ce qui contribue à une véritable explosion de l’industrie de la dentelle mécanique.
À la cour de Napoléon III, Virginia Oldoini, dite comtesse de Castiglione (1837-1899) est qualifiée de plus belle femme de son siècle et chacune de ses apparitions est un évènement. Avec l’aide du photographe Pierre-Louis Pierson, pendant 40 ans, elle réalise plus de 450 portraits dans lesquels elle se met seule en scène et invente la performance et l’autofiction photographique avant l’heure. Il s’agit à la fois d’immortaliser sa beauté, ses moments de gloire à la cour impériale, sa disgrâce, sa liberté. Elle pose dans la robe de bal où elle a brillé la veille, en héroïne de théâtre ou en courtisane. Ses portraits sont aussi ceux des robes pour lesquelles elle dépense des fortunes.