#14 l’amoureuse
In the mood for lace
À l’ère d’Internet et de la mondialisation, le règne de l’image numérique atteint son apogée. L’image comme la mode sont désormais des langages à la portée de tous. Smartphone et réseaux sociaux permettent à chacun de produire et diffuser ses selfies à l’échelle de la planète. Le récit de soi et la mise en image de son propre style ouvrent la voie au pluralisme des tendances vestimentaires. L’invention du style n’est plus réservée à la vision artistique des créateurs mais bel et bien l’expression quotidienne de tout un chacun. Grâce à la fast fashion, le changement des modes est enfin accessible au plus grand nombre.
En contrepoint du rythme effréné des changements de tendances – mis en place en 200 ans d’histoire industrielle – naît aujourd’hui un certain désir de retrouver le temps où le rythme de la consommation était en parfaite syntonie avec celui de la nature. Une quête de sens, d’authenticité et d’intemporalité invite à redécouvrir les traditions et savoir-faire qui y sont attachés. Pour se réinventer, la mode et les arts visuels puisent dans leurs archives et sur les cinq continents, artistes, artisans et designers revisitent leurs histoires et conjuguent les spécificités locales de leurs patrimoines.
L’esthétique nostalgique du film de Wong Kar Wai, In the Mood for Love (2000) et l’esprit des qipao que porte Maggie Cheung offrent au spectateur une vision de la confrontation entre l’Orient et l’Occident, entre le passé et le présent. La dentelle Leavers riche elle aussi de 200 ans d’histoire, accomplit l’équilibre parfait entre la frivolité de la mode et la force d’un savoir-faire séculier qui se transmet de génération en génération. À Calais et à Caudry, l’industrie dentellière est aujourd’hui en mesure de mettre à profit non seulement le fruit de ses riches archives mais également la capacité de création infinie qui caractérise chacune de ses manufactures.